La sous-représentation des femmes dans les filières et carrières scientifiques est un constat récurrent au niveau international. Problématique pour de multiples raisons, notamment éthiques, juridiques et économiques, cette sous-représentation est également au cœur du débat sur l’idée d’une infériorité des femmes dans les sciences dites « dures ». Observée à partir de tests standardisés, l’infériorité des femmes serait évidente à partir du lycée, principalement en mathématiques, et sur les items les plus difficiles des tests. D’où l’idée qu’en mathématiques, les femmes atteindraient leurs “limites biologiques” plus vite que les hommes. Depuis une vingtaine d’années, les travaux sur l’effet de menace du stéréotype (Steele, 1997) ont permis d’apporter un nouvel éclairage sur les inégalités hommes/femmes en mathématiques. Les différences observées sont considérées comme l’expression de contraintes sociales et culturelles (plutôt que de contraintes essentiellement biologiques) en rapport avec l’action d’un stéréotype forçant les femmes à se comparer défavorablement aux hommes dans les disciplines scientifiques. Confrontées à des tests difficiles, les femmes subiraient une pression supplémentaire liée à la crainte de confirmer ce stéréotype. L’anxiété et la distraction cognitive qui en résultent viendraient interférer avec la réalisation du test et conduiraient les femmes à produire des performances suboptimales. Nous illustrerons l’influence subtile de la menace du stéréotype dans le maintien des inégalités hommes/femmes en mathématiques, à travers la présentation des résultats de diverses recherches fondamentales et appliquées. Nous illustrerons également les différentes interventions qui ont été proposées pour lutter contre le phénomène de menace du stéréotype et pour encourager les filles/femmes à davantage investir les filières scientifiques, véritable enjeu de société aujourd’hui.
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